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Alimentation / Nutrition

J’ai lu pour vous : « Vous êtes fous d’avaler ça »

Ce livre, écrit par Christophe Brusset, et paru aux éditions Flammarion document, dénonce les dérives et arnaques de l’industrie agroalimentaire, dont l’auteur a été le témoin, mais aussi le complice malgré lui.

Il existe en format broché et Kindle.

Christophe Brusset est d’abord ingénieur agroalimentaire, puis obtient un master en management des achats. Il devient alors acheteur/tradeur dans de grandes entreprises très connues de l’agroalimentaire, où il exerce pendant une vingtaine d’années.

Tout au long de sa carrière, il se pose beaucoup de questions face aux méthodes peu scrupuleuses qu’on lui demande d’appliquer, et qu’il a envie de dénoncer depuis longtemps… jusqu’au scandale des lasagnes à la viande de cheval, « goutte d’eau qui a fait déborder le vase » et l’incite à franchir le pas en écrivant « Vous êtes fous d’avaler ça » ! Il comprend à ce moment-là que les consommateurs sont prêts à entendre les révélations qu’il a à faire.

Il raconte alors ces pratiques frauduleuses qui perdurent, ne sont pas détectées par les services vétérinaires débordés, et ainsi rarement connues du grand public, qu’on maintient volontairement dans l’ignorance. Le seul but étant de baisser les coûts et donc les prix.

Il décide ainsi de se placer du côté des consommateurs, pour leur redonner « le pouvoir », comme il l’annonce dans son prologue.

Pour illustrer ses accusations, il consacre 29 chapitres à raconter son expérience professionnelle, avec le récit d’exemples très concrets de ces pratiques frauduleuses.

Dans le dernier chapitre, il explique comment les industriels profitent des failles du système et impliquent leurs collaborateurs pour que rien ne soit révélé.

Il termine par un « guide de survie en magasin » dans lequel il donne 10 conseils pour déjouer quelques pièges et arnaques.

Qu’est-ce qui m’a amenée à lire le livre de Christophe Brusset ?

J’ai découvert cet auteur lors d’une interview qu’il a donnée dans une émission télévisée… et j’ai trouvé qu’il était drôlement « gonflé » de s’attaquer ouvertement aux lobbies de l’agroalimentaire, surtout quand il a évoqué les pressions dont il faisait l’objet depuis la parution de son livre ! Il n’en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité…

Et si j’avais encore quelques hésitations, la quatrième de couverture a fini de me convaincre : « Vous ne mangerez plus jamais les yeux fermés » et « Soyons directs, ce qui intéresse les industriels, c’est votre argent. Pas votre bonheur ni votre santé ! » sont des arguments qui retiennent l’attention, même si on y perçoit clairement l’accroche marketing.

Qu’allez-vous apprendre en lisant « Vous êtes fous d’avaler ça ! » ?

Je ne vais pas détailler ici le contenu des 29 chapitres et spoiler ainsi le plaisir de la lecture de ce livre sans « langue de bois »… mais juste donner un avant-goût de ce qu’on y trouve !

Il dévoile par exemple :

  • Comment on fabrique du « frauxmage » avec très peu de fromage, beaucoup d’additifs (plus ou moins naturels) et de l’eau : comme la loi n’autorise pas à appeler cela du fromage, on triche avec les termes « spécialités fromagères » ou « fondant de fromage », produits que l’on retrouve sur les pizzas et les lasagnes…
  • Comment on fabrique de la confiture de fraises… sans fraises : on mélange des sirops de glucose et fructose, de l’eau, du jus de sureau pour la couleur, des akènes (petits grains) de fraises pour faire croire qu’il y a des fraises, et de la pectine. Et beaucoup d’entre nous en ont déjà mangée, dans les petits pots de l’hôtellerie…
  • Pourquoi il ne faut pas consommer des crevettes congelées car elles ont subi la technique du « glazing » : cet ajout de glace, à l’origine prévu pour freiner le dessèchement, ne doit pas dépasser 5 à 10 % du poids… mais il a constaté des apports de 30 à 40 %. Sans oublier leur teneur en antibiotiques, administrés pour éviter les épidémies dans les bassins d’élevage. Son conseil : n’acheter que des crevettes fraîches et sauvages.
  • Comment 80 tonnes de champignons de Paris, récoltés en Chine, ont été livrés teintés d’une jolie couleur… bleue, d’origine inconnue, et évidemment peu appétissante ! Crois-tu qu’on les a alors détruits ? Dans l’agroalimentaire, on ne jette rien… on transforme : on a donc pané ces champignons pour dissimuler leur couleur, et ils ont été ainsi vendus.

Il ne se contente pas de décrire ces manipulations trompeuses, mais explique comment sont écoulées les marchandises. Par exemple :

  • Comment des containers entiers de thé chinois ont été bloqués en Europe par les douanes, à cause de leur teneur en pesticides… puis autorisés à la vente sous la pression des gouvernements, pour ne pas vexer les amis asiatiques et perdre des marchés lucratifs.
  • Comment les failles de la traçabilité des produits importés ont permis la production des célèbres lasagnes à la viande de cheval.
  • Comment l’huile, taxée en France, devient du « S.O.S. Vormishung » (en transitant par l’Allemagne), une transformation fictive qui échappe ainsi à la taxation.

Mais il ne laisse pas le lecteur/consommateur sans solutions, et détaille quelques pistes pour ne pas (trop) se faire avoir dans la grande distribution :

  • Surveiller les origines
  • Fuir les premiers prix
  • Privilégier les grandes marques
  • Eviter purées et poudres
  • Contrôler les ingrédients
  • Vérifier les emballages
  • Contrôler les dates limites
  • Se méfier des labels (il indique quels labels sont fiables)
  • Bien lire les étiquetages
  • Se méfier du marketing… et comprendre que seul le consommateur peut choisir de ne pas tomber dans ses pièges

Ce que j’ai aimé… ou pas dans le livre « Vous êtes fous d’avaler ça ! »

J’ai apprécié :

  • Le récit, ponctué d’anecdotes et de dialogues, rend la lecture aisée, et le discours vivant.
  • Christophe Brusset décrit des situations parfois dramatiques, mais avec un ton quelquefois sarcastique, souvent drôle… ce qui l’est moins, c’est quand on pense qu’on a sûrement mangé quelques-uns de ces produits frauduleux…
  • Il nous fait prendre conscience que les industriels sont bien sûr coupables, mais que les consommateurs ont aussi leur part de responsabilité, quand ils se laissent manipuler par les marques et leur marketing.
  • Les conseils dispensés dans le « guide de survie en magasin » sont simples et concrets.

J’ai moins apprécié

  • Certaines dérives décrites dans ce livre ne sont pas inédites, car déjà dénoncées dans des reportages télévisés ou des revues spécialisées… mais une piqure de rappel n’est pas inutile.
  • Aucune marque n’est citée (on imagine bien la raison : éviter les procès), ce qui est regrettable pour les producteurs et fournisseurs honnêtes (j’ose croire qu’il y en a quelques-uns dans les grandes surfaces), car dans le doute, on risque de s’abstenir d’acheter leurs produits.

Ma conclusion 

Avant de lire ce livre, j’étais déjà persuadée qu’il est absolument nécessaire de :

  • Manger local (en privilégiant les circuits courts) et bio le plus possible
  • Fuir les produits transformés
  • Lire les étiquettes
  • Se méfier des produits importés
  • Cuisiner soi-même

Mais j’étais loin d’imaginer que la recherche du profit pouvait à ce point faire oublier le bon sens, le bien-être et la santé des consommateurs…

Celui qui lit ce livre ne regardera jamais plus le rayon des épices, du miel, du jambon sous vide, des aliments mixés et en poudre…  de la même façon ! Mais comme le dit Christophe Brusset, il faut arrêter d’être des con… sommateurs.

Tricatel dans L’Aile ou la Cuisse n’est pas si loin de la réalité !

Et toi, es-tu prêt à changer ta façon de faire les courses ?

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