Résumé
Tous les aliments peuvent en théorie provoquer une « allergie » alimentaire. Mais on confond souvent allergie et intolérance…
Si l’aliment en cause est le même, la réaction de l’organisme est différente.
On constate actuellement dans les populations de plus en plus de réactions anormales à certains aliments : plus d’une centaine d’aliments ont été repérés comme potentiellement allergéniques. Mais certains sont classés « majeurs », quand la moitié des personnes testées développent des anticorps IgE.
Ce qui a poussé les pouvoirs publics à répertorier les plus fréquents, dont la mention est depuis obligatoire dans l’étiquetage des produits alimentaires.
Mais quelle est la différence entre une allergie et une intolérance ?
L’allergie alimentaire
L’allergie alimentaire est une forme particulière d’intolérance qui met en cause le système immunitaire.
Celui-ci a pour rôle de protéger notre organisme d’éléments indésirables, avec un protocole d’élimination.
Mais cette protection peut se déclencher à tort pour des substances normalement anodines, qui sont alors perçues comme un « allergène ». Cela enclenche une réaction en chaîne qui libère des anticorps, puis des molécules inflammatoires comme l’histamine, entraînant des manifestations de l’organisme plus ou moins graves, comme :
- Rhinite et éternuements
- Toux
- Asthme, difficulté respiratoire
- Prurit, eczéma, urticaire, rougeur
- Troubles digestifs : vomissements, nausées, coliques
- Œdème de Quincke, gonflement des lèvres, picotement dans la gorge
Si ces réactions allergiques sont désagréables, elles restent souvent modérées… mais elles peuvent cependant être responsables d’un choc anaphylactique, aux conséquences parfois mortelles : chute de la tension artérielle et arrêt cardiaque, œdème du larynx et/ou du visage, œdème pulmonaire…
A noter :
- qu’on peut développer une allergie alimentaire à tout âge
- qu’il existe des allergies dites croisées : une allergie au pollen peut déclencher des picotements et/ou brûlures dans la bouche et la gorge en mangeant certains fruits et légumes (surtout lorsqu’ils sont crus), à cause d’une ressemblance des protéines des aliments et des pollens concernés
L’intolérance alimentaire
Les intolérances alimentaires sont actuellement des pathologies difficiles à cerner, car les recherches scientifiques sont insuffisantes et les mécanismes complexes.
Mais on peut cependant affirmer que :
- Les intolérances alimentaires sont dues à des réactions irritatives, le plus souvent dans l’intestin, mais également dans le cerveau
- Un aliment mal assimilé (à cause d’un déficit en enzyme par exemple) peut provoquer une inflammation intestinale et une intolérance
- Le dérèglement du microbiote intestinal, la pollution (colorants, pesticides, conservateurs, etc…) et la perte de qualité des aliments, sont des facteurs certainement déterminants dans l’explosion du nombre des intolérants
- Le système immunitaire peut également être mis en cause, dans le cas de maladie cœliaque
Les symptômes sont très variés, ce qui complique évidemment le diagnostic :
- Troubles digestifs
- Infections de la sphère ORL
- Douleurs rhumatismales
- Migraines
- Pathologies de la peau et des muqueuses
- Etc…
L’exemple du gluten
Parmi ses allergènes, le gluten est responsable de 3 maladies :
- La maladie cœliaque, ou intolérance au gluten
- L’hypersensibilité au gluten, ou sensibilité au gluten non cœliaque (SGNC)
- L’allergie au gluten (ou au blé)
Si la solution de l’éviction de l’aliment responsable semble être évidente, il est cependant nécessaire de distinguer les 2 pathologies, car les causes et les moyens de dépistage sont différents.
Comment distinguer une allergie et une intolérance ?
Chez les allergiques :
- La réaction est immédiate et visible (à l’exception de réactions retardées situées sur la peau ou dans le tube digestif)
- Un contact unique avec l’allergène déclenche la réaction
- Des tests cutanés, des dosages sanguins des anticorps IgE et des tests de provocation orale permettent de valider les aliments responsables
- Il existe des traitements d’urgence : antihistaminique, adrénaline, inhalateur en cas d’asthme
- Des protocoles de désensibilisation sont efficaces dans certains cas : l’immunothérapie avec des phases d’introduction progressive de l’allergène
- Certaines allergies (lait, œuf) chez les enfants guérissent spontanément en grandissant
Chez les intolérants :
- Les réactions peuvent être plus discrètes ou à retardement, voire passer inaperçues pendant de nombreuses années, jusqu’à l’apparition de pathologies plus invalidantes
- Elles dépendent également de la fréquence et de la quantité d’aliments ingérés, variables d’un individu à l’autre : certains tolèrent de petites quantités, d’autres réagissent à la moindre trace
- Des tests sanguins (recherche d’antigènes, observation microscopique de cellules sanguines mises en contact avec un aliment) sont proposés pour confirmer certaines intolérances alimentaires, mais ils ne sont pas toujours très fiables et de ce fait controversés : des tests négatifs ne garantissent pas forcément l’absence de réaction anormale, car les mécanismes des intolérances sont à l’heure actuelle encore insuffisamment connus
A noter que pour la maladie cœliaque (intolérance au gluten) et l’intolérance au lactose, des protocoles spécifiques sont utilisés pour un dépistage fiable.
- Il n’y a pour l’instant aucun traitement efficace, hormis l’éviction totale de l’allergène
Pour aider les personnes concernées de plus en plus nombreuses, la législation européenne impose désormais de mentionner 14 allergènes parmi les plus fréquents dans toutes les préparations alimentaires :
- Sur l’étiquetage pour les produits emballés
- Par écrit pour les produits non emballés (cantines, traiteurs de grandes surfaces, restaurants…) : à disposition des consommateurs… mais la réalité est loin d’être aussi évidente !
Au Canada, des mesures réglementaires ont été également adoptées : liste d’ingrédients et allergènes.
Liste des 14 allergènes majeurs
- Céréales contenant du gluten, et produits dérivés
- Crustacés et produits dérivés
- Œufs et produits dérivés
- Poissons et produits dérivés
- Arachides et produits dérivés
- Soja et produits dérivés
- Lait et produits dérivés
- Fruits à coques et produits dérivés
- Céleri et produits dérivés
- Moutarde et produits dérivés
- Graines de sésame et produits dérivés
- Anhydride sulfureux et sulfites
- Lupin et produits dérivés
- Mollusques et produits dérivés
Les allergènes doivent figurer de façon visible (caractères gras, italiques…), qu’ils soient présents de manière directe, ou sous forme de produits dérivés (comme la lécithine de soja par exemple).
Mais cette règle ne concerne que les ingrédients volontairement utilisés par le fabricant dans la recette de ses produits.
Dans le cas de contamination involontaire, la législation n’impose pas de signaler les traces résiduelles. Cependant beaucoup d’industriels font le choix d’indiquer les mentions :
- « peut contenir des traces de… »
- « fabriqué dans un atelier utilisant… »
- « traces éventuelles… »
- Etc…
Cette démarche volontaire est source d’ambiguïté :
Est-ce un réel désir d’informer correctement les consommateurs, pour une contamination réelle ?
Ou une utilisation abusive pour se protéger vis-à-vis des consommateurs allergiques ?
De ce fait, beaucoup de personnes concernées n’osent pas, dans le doute, acheter certains de ces produits, ce qui est finalement contreproductif pour l’industrie agroalimentaire… l’arroseur arrosé ! 😉
Et toi ? Fais-tu confiance aux étiquetages des produits industriels ? Partage ton avis dans les commentaires ci-dessous.